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25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 16:21
L'association du capital et du travail plus connu sous le terme "Participation" est l'œuvre inachevée la plus connue du général de Gaulle.
Mais beaucoup ne savent pas ce dont il s'agit, voilà pourquoi il est temps d'informer et d'expliquer à ceux qui n'en ont retenu que le nom ce qu'est le contenu de cette mesure.

On entend opposer deux classes, d'un côté les patrons ont tous les torts, ils profiteraient de leurs employés ; de l'autre les ouvriers freineraient la bonne marche de l'entreprise.

Loin de vouloir une lutte des classes le général de Gaulle entendait voir le capital et le travail enfin associés, c'est à dire instaurer une 3ème voie entre le capitalisme et le collectivisme. Tâche lourde à réaliser que d'instaurer cette participation qui conduit à une véritable transformation des rapports sociaux, à l'instauration d'une véritable démocratie au sein de nos entreprises afin de garantir la paix sociale. De cette idée est d'ailleurs issue la fondation des comités d'entreprise initiée par l'ordonnance du 22 février 1945.

Comment se décompose la participation ?

Parce qu'il est question d'améliorer la condition ouvrière tout en améliorant le développement économique des entreprises, l'association du capital et du travail entend à ce que chacun travaille ensemble et aille vers la même direction pour le bien commun.

Cette vision économique comporte trois volets : la participation au capital, la participation aux responsabilités et la participation aux bénéfices,

La participation au capital donne accès aux travailleurs au capital social de leur l'entreprise, elle conduit à terme à l'abolition de la lutte des classes qui sépare patronat, actionnaires et salariés.

La participation aux responsabilités que d'autres nomment cogestion, donne accès à la parole des salariés en tant que tels, au sein de la direction en dehors bien sûr de la représentation des actionnaires salariés.

La participation aux bénéfices, permet aux salariés d'obtenir une part des bénéfices que réalisent les entreprises, en dehors des salaires bien évidemment. La participation aux résultats est donc aléatoire.


Les origines de la participation

Mais d'où est issue cette mesure ? Comment est née la participation ? de Gaulle n'était pas un économiste, il n'a rien inventé mais a su mettre en avant cette mesure qui révolutionne le monde du travail, issue des origines politiques du général "le christianisme social".

Associer le capital et le travail est en effet une vieille idée développée dans un premier temps dans l'encyclique Rerum Novarum du Pape Léon XIII voulant combattre la lutte des classes par la mise en place d'une 3ème voix sociale. C'est d'ailleurs de part cette idée que la démocratie chrétienne s'est fondée, reposant sur la doctrine sociale de l'église.

De Gaulle prône cette idée de 3ème voie sociale durant la guerre mais l'expose publiquement lors de son voyage à St Etienne en 1948. Cette œuvre sera la principale mesure du programme économique du Rassemblement du Peuple Français.


Participation à la vie politique

Mais la participation gaullienne ne repose pas uniquement sur la transformation des lieux sociaux dans l'entreprise, elle entend également transformer les liens sociaux au sein de l'Etat et de l'administration. C'est ainsi que la fusion du Sénat et du Conseil économique et social fut envisagée. Associer les acteurs politiques et locaux et les acteurs sociaux au sein d’une assemblée consultative afin que toutes les forces vives de la nation soient représentées et travaillent ensemble.

Après l'élection du président de la République au suffrage universel, l'étape suivante était la régionalisation et la réforme du Sénat.

L'échec de la réforme et du référendum de 69

Bloquée durant des années par une majorité conservatrice avec qui il devait composer et notamment par Georges Pompidou qui refusait l'idée de cette participation, si ce n'est uniquement sur la base de l'intéressement salarial, il aura fallu attendre Mai 68 pour que de Gaulle se décide, malgré sa majorité, à entamer cette dernière œuvre qui devait voir le jour lors de ses dernières années de pouvoir. Le conservatisme social ayant conduit à la révolte de 68, il était temps que le capital et le travail soient enfin associés tout comme la réforme institutionnelle sur la régionalisation et le Sénat.

C'est dans cet espoir que fut lancé le référendum de 1969. Hélas le jeu politique ayant refait surface, Pompidou donne, par ses propos à Rome (qu'il serait candidat si de Gaulle partait), la permission à une droite désireuse de laisser dans l'histoire un de Gaulle si peu représentatif de leur famille politique, à s'opposer à cette réforme.

La gauche votant NON, non par conviction mais parce que le projet est issu de "de Gaulle", et une grande partie de la droite refusant par conservatisme social et ayant l'assurance d'avoir un remplaçant à de Gaulle, la réforme fut donc rejetée laissant le général à jamais dans l'Histoire de notre pays avec ce goût de travail inachevé.

C'est donc à nous, les gaullistes de conviction, à poursuivre ce travail parce que la transformation sociale de notre société est plus que jamais d'actualité. La participation semble même être la seule mesure capable de répondre aux problèmes.


La participation vu par la droite orthodoxe 
 
L'actionnariat salarial n'est ni plus ni moins que la vision des choses pour certains pseudos gaullistes qui ne voient dans ce projet que l'intéressement, permettre aux salariés de prendre des actions de l'entreprise.

Loin de la pensée du général de Gaulle ces personnalités de droite n'ont soit rien compris à la participation gaullienne, soit travestissent volontairement la vision du général à des fins personnelles.

Certains vont jusqu'à nier cette vision politique du général expliquant que s'opposant à la participation voulue par les gaullistes de gauche, de Gaulle avait nommé Pompidou pour bloquer cette mesure.

J'invite justement ces personnes à lire les propos tenus par le général de Gaulle:
"Le libéralisme tel qu'on le voyait avant-hier est devenu une chose inconcevable et insupportable dans l'état du monde et spécialement dans l'état présent de la société. [Le communisme] est une solution écrasante, effroyable pour le peuple, c'est une solution qui démolit tout.(...) Ni le vieux libéralisme, ni le communisme écrasant. Autre chose. Quelque chose de simple, de digne et de pratique qui est l'association. C'est une vieille idée française" (Charles de Gaulle, 31 août 1949).

Ainsi que cette réponse faite à Michel Droit en 1968

"Pour la mutation dont vous me parlez, il y a, naturellement, des réponses diverses et opposées. Moi, j'en vois trois essentielles.

D'abord, il y a le communisme qui dit: créons d'office le plus possible de biens matériels et répartissons-les d'office de telle sorte que personne n'en dispose à moins qu'on ne l'y autorise. Comment ? Par la contrainte. La contrainte morale et matérielle constante, autrement dit, par une dictature qui est implacable et perpétuelle, même si, à l'intérieur d'elle-même, des clans différents s'en saisissent tour à tour en se vouant aux gémonies; même si, depuis que se système est en vigueur en certains endroits, ses chefs, à mesure qu'ils se succèdent, se condamnent les uns aux autres, comme s'il était prouvé d'avance que chacun devrait échouer à moins qu'il ne trahisse. Non, du point de vue de l'homme, la solution communiste est mauvaise.

Le capitalisme dit: grâce au profit qui suscite l'initiative, fabriquons de plus en plus de richesses qui, en se répartissant par le libre marché, élèvent en somme le niveau du corps social tout entier. Seulement voilà: la propriété, la direction, le bénéfice des entreprises dans le système capitaliste n'appartiennent qu'au capital. Alors, ceux qui ne le possèdent pas se trouvent dans une sorte d'état d'aliénation à l'intérieur même de l'activité à laquelle ils contribuent. Non, le capitalisme du point de vu de l'homme n'offre pas de solution satisfaisante.

Il y a une troisième solution: c'est la participation, qui, elle, change la condition de l'homme au milieu de la civilisation moderne. Dès lors que des gens se mettent ensemble pour une oeuvre économique commune, par exemple, pour faire marcher une industrie, en apportant soit les capitaux nécessaires, soit la capacité de direction, de gestion et de technique, soit le travail, il s'agit que tous forment ensemble une société, une société où tous aient intérêt à son rendement et à son bon fonctionnement et un intérêt direct. Cela implique que soit attribuée de par la loi, à chacun, une part de ce que l'affaire gagne et de ce qu'elle investit en elle-même grâce à ses gains. Cela implique aussi que tous soient informés d'une manière suffisante de la marche de l'entreprise et puissent, par des représentants qu'ils auront tous nommés librement, participer à la société et à ses conseils pour y faire valoir leurs intérêts, leurs points de vue et leurs propositions. C'est la voie que j'ai toujours cru bonne. C'est la voie dans laquelle j'ai fait déjà quelques pas; par exemple en 1945, quand, avec mon gouvernement, j'ai institué les comités d'entreprises, quand, en 1959 et en 1967, j'ai, par des ordonnances, ouvert la brêche à l'intéressement. C'est la voie dans laquelle il faut marcher. "


On ne peut être gaulliste en refusant la vision politique du général, même caché derrière une étiquette de néogaulliste, pour un soit disant pragmatisme qui ne repose finalement sur rien. Cela reviendrait à de l'usurpation pure et simple.

La participation aujourd'hui

Alors oui la participation en entreprise est une 3ème voie qui entend associer tous les acteurs sociaux afin de garantir le développement des entreprises et améliorer la condition ouvrière, elle entend instaurer une véritable démocratie dans les entreprises afin que les ouvriers puissent avoir leur mot à dire sur les grandes décisions, qu'une discussion sérieuse en interne puisse avoir lieu concernant notamment le temps de travail. Elle permet qu'un fond issu des bénéfices de l'entreprise puisse garantir l'apprentissage tout au long de la vie aux employés. Elle assure à ce que la réussite économique de l'entreprise puisse bénéficier financièrement à tout le monde. Cette participation s'engage à ce que les salariés puissent à terme être représentés à part égale avec les actionnaires et les patrons, ce qu'on définit comme les trois tiers, cette mesure empêchera notamment toute délocalisation à venir.

Bref, associer le capital et le travail révolutionnera le monde économique et social de notre pays qui n'aura plus besoin systématiquement d'intervenir pour répondre aux conflits sociaux.

La paix sociale c'est ce que nous devons engager et c'est ce dont nous avons, plus que jamais, la volonté de faire en défendant cette 3ème voix sociale !

La mise en œuvre de la Participation dans l'Entreprise et son corollaire politique, la Démocratie Participative, sera l'occasion, une fois de plus, de démontrer que notre Nation, sait une fois de plus être porteuse de lumière dans l'obscurantisme. C'est le message que nous entendons porter.

 

Sébastien Nantz
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